23.1.12

Le mariage en Afghanistan

L’Afghanistan est un pays d’environ 30 millions d’habitants dont la religion majoritaire est l’Islam. Les Afghans accordent beaucoup d’importance au mariage et malgré 30 ans de conflits et une grande pauvreté, les sommes dépensées pour cet évènement restent très élevées.

Le mariage à la campagne

Les mariages à la campagne sont, sur plusieurs points, plus traditionnels que ceux des villes. Tout d’abord, ce sont les familles qui décident du mariage et choisissent les époux. Les futurs mariés ont entre 15 et 25 ans en moyenne et ne se connaissent pas forcément avant le jour de la noce. La famille du garçon rend visite à celle de la fille pour lui demander sa main. La demande se fait toujours dans ce sens puisque l’inverse est considéré comme une honte. Ainsi une fille jamais demandée peut rester célibataire toute sa vie.

Si la famille de la fille accepte la demande qui lui est faite, des fiançailles sont organisées avec les proches des deux familles. Après cette première cérémonie, les parents du garçon discutent des formalités du mariage à venir et se doivent de combler les demandes des parents de la fille, à savoir le paiement d’une dot, qui oscille entre 2 000 et 10 000 dollars (les sommes sont à peu près les mêmes en ville), ainsi que l’achat de matériel ménager, vêtements et bijoux qui serviront au futur couple. Tout comme pour le mariage en ville, les deux familles invitent chacune entre 200 et 1 000 invités et ce sont les parents du futur marié qui paient toutes les dépenses (vêtements de fête et bijoux pour les deux familles, repas, musiciens…).


Le mariage en ville

En ville, la plupart du temps, les filles et les garçons peuvent se connaître, se choisir, se voir avant la cérémonie et décider du mariage avec l’accord des parents. Les mariés ont en moyenne entre 18 ans et 30 ans. Le mariage y est beaucoup plus cher qu’à la campagne (entre 8 000 et 20 000 dollars) car il est célébré dans des salons modernes et luxueux. Le jour de la fête, les mariés et leurs familles portent des vêtements et des bijoux onéreux. Ainsi, si un garçon (et sa famille) n’a pas assez d’argent pour se marier, il reste célibataire.

Depuis la fin du régime Taliban, le coût des mariages n’a cessé de croître et pousse aujourd’hui le gouvernement afghan à prendre des mesures législatives visant à en plafonner les dépenses. On peut toutefois se demander quel poids aura cette réforme face à celui des traditions.


La cérémonie du mariage

Que ce soit en ville ou à la campagne, les hommes et les femmes sont séparés. Les salons de mariage sont donc coupés en deux, mais il arrive qu’il y ait entre les deux parties, deux trônes où sont installés les mariés. En ville les mariées sont vêtues de très belles robes et de beaucoup de bijoux. Elles peuvent changer de toilette plusieurs fois pendant la cérémonie. A la campagne, les vêtements sont moins onéreux et la mariée est complètement couverte pour ne pas être vue.

Au début du mariage, les invités arrivent et les musiciens commencent à jouer. Le marié salue les invités ; il est le seul homme à pouvoir entrer dans la partie réservée aux femmes. Puis, les chefs religieux entrent pour célébrer le Nikah (mariage religieux selon les lois de l’Islam) et faire signer le contrat de mariage. Durant cette cérémonie, soit la mariée se fait représenter par un membre de sa famille, soit les deux époux sont présents dans une salle spéciale prévue à cet effet. Ensuite, la mère du marié place une petite cuillère remplie de henné dans le creux de la main de la mariée qu’elle recouvre d’un morceau de tissu. A son tour, la mère de la mariée dépose du henné sur l’auriculaire du marié et le recouvre d’un tissu. Le repas est servi et les invités écoutent la musique et dansent. La cérémonie dure environ quatre heures.

Tous les mariages ont des points communs culturels et traditionnels mais ils varient aussi en fonction des régions et coutumes, qu’ils se déroulent à la campagne ou en ville et selon les moyens des familles.

Nous ne pouvons terminer cet article sans mentionner l’existence de mariages forcés, impliquant souvent de très jeunes filles, parfois promises en échange du paiement d’une dette. En 2007, Nassima, une petite fille de 9 ans scolarisée dans l’un de nos centres, a été confrontée à cette situation. Malgré les interventions à répétition des travailleurs sociaux d’Afghanistan Demain, le mariage n’a pas pu être évité et Nassima a dû arrêter l’école sur ordre de la famille du futur marié. Cet épisode malheureux a été relaté par Marianne Denicourt dans le documentaire Nassima, Une vie confisquée.